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La Montagne Noire

1-Présentation
La Montagne Noire débute à Revel et s’arrête vers St Pons. Ensuite c’est le Somail et l’Espinouse bien que des géologues les y incluent parfois. Vue de la plaine de Castres c’est un relief allongé tantôt bleu, vert ou roux, parfois blanc qui s’étale d’Ouest en Est.
Ce massif, d’une altitude de 250 à 1 211m au Pic de Nore délimite le climat méditerranéen au sud, du climat atlantique, fortement modifié sur le piémont tarnais par le Vent d’Autan né Marin au bord de la Méditerranée. Le versant sud, surtout des prairies sur roches sédimentaires descend en pente douce vers Carcassonne. Le versant nord est pentu, composé de gneiss, granite, schistes et quelques filons calcaires. Il est très fortement boisé, ce qui facilite l’infiltration de l’eau.
La Montagne Noire, à cheval sur le Tarn et l’Aude est le château d’eau des plaines environnantes.

2-Milieux, flore et faune

Les principaux milieux sont, versant nord, coté tarnais: la forêt, les sagnes, les ruisseaux, les lacs et les étangs, les landes, les zones rocheuses.

2 – 1 La forêt

Hêtraie

Hêtraie@Patrice Delgado

De 250 à environ 600 m d’altitude, on trouve des reboisements en résineux ( pins, douglas ) plantés le plus souvent sur d’anciens parcours à moutons à partir de 1950 et des boisements feuillus naturels surtout de chênes pubescent ou sessile, de frêne et de feuillus divers.
A partir de 600 m, selon l’exposition, c’est le domaine de la hêtraie sapinière, parsemée de quelques chênes, surtout dans les forêts domaniales de Montagne Noire et de Nore, partiellement dans la forêt communale de Montaud, avec du frêne à proximité des cours d’eau ; les forêts privées sont à base de résineux ( douglas ) et de quelques taillis de feuillus.

Flore
Outre les arbres déjà cités, c’est une flore collinéenne. Le célèbre respounchous ( Tamier commun ) est récolté par certains gourmets. Au printemps, la floraison de milliers de jonquilles éclaire le sous-bois, l’automne se teinte du violet des colchiques.
Des stations de Lys des Pyrénées sont bien implantées dans des boisements clairs.
Faune
On peut y rencontrer les mammifères classiques : chevreuil, sanglier, renard, blaireau, martre, écureuil, parfois la genette, …
Les oiseaux sont représentés par les passereaux forestiers habituels : pinson, mésanges, sitelle, grimpereau, Pic épeiche, mais aussi le Pic noir, sculpteur émérite dont les gros copeaux s’accumulent au pied de l’arbre où il a détecté des larves d’insectes saproxyliques dont il se goberge. Les plaques d’écorce d’épicéas encore verts qu’il a décollées signalent au forestier que l’arbre est condamné. La Chouette hulotte surprend par ses appels variés. Plus difficiles à observer : l’Aigle botté, la Bondrée apivore, l’autour et l’épervier. Selon les années des milliers de Pinsons du nord en hivernage se goinfrent de faînes de hêtre.
Des espèces comme le Bec croisé des sapins et la Mésange noire habitent presqu’exclusivement les résineux.

2-2 Les sagnes

Sagne_callune_myrtille_fougère_un sapin pectiné

Sagne_callune_myrtille_fougère_sapin pectiné@Patrice Delgado

On appelle « sagnes » les zones marécageuses et en particulier les tourbières. La sphaigne est le végétal qui crée la tourbière : sa partie inférieure sèche et produit la tourbe. Avec le temps le vent transporte des graines d’essences pionnières saules et bouleaux qui pompent l’eau, la tourbière s’assèche progressivement. D’autres arbustes dont les graines sont apportées par les oiseaux ou le vent s’installent, ensuite arrivent les chênes, le Hêtre et le Sapin pectiné. Sous nos climats, c’est l’évolution naturelle, la forêt est le stade ultime.
L’importance des sagnes est qu’elles stockent l’eau en hiver, comme des éponges, et alimentent progressivement un chevelu de ruisselets, dont le débit est plus régulier sur l’année.
La tourbe conserve les grains de pollen pendant des milliers d’années. D’après leur structure et leur forme on détermine les végétaux qui les ont produits, la datation est obtenue par la profondeur. C’est la science de la palynologie. On reconstitue ainsi l’histoire du paysage végétal et son évolution dans le temps.
Flore
Il règne dans les tourbières des conditions écologiques particulières : humidité, température plus froide, acidité, ce qui convient à des plantes souvent rares, reliques des périodes glaciaires. Les plus connues sont la Molinie bleue, la Canche cespiteuse, la Linaigrette aux fructifications en touffes cotonneuses. Les droséras qui compensent le manque d’azote de la tourbe en capturant et digérant les insectes qui s’engluent sur leurs feuilles. En bordure, c’est l’abondance des fougères dont l’Osmonde royale.
Faune
C’est le royaume des amphibiens : grenouilles, salamandre, Triton marbré…

2-3 Les ruisseaux

La zone boisée qui les borde s’appelle la ripisylve : forêt riveraine des cours d’eau, forêt à bois tendres, essences pionnières et post pionnières inféodées à la proximité de la nappe phréatique et à la fréquence et à la durée des inondations. Elle filtre l’eau et maintient les berges.
Cette eau vive qui coule sur des roches acides est pauvre en nutriments.
Flore
Typiques de la ripisylve sont l’aulne, le bouleau, les saules, le frêne. L’on rencontrera les chênes, le sapin pectiné, l’épicéa, le hêtre, ces trois derniers qui ne laissent pas passer beaucoup de lumière et dont les feuilles et les aiguilles se décomposent lentement sont moins favorables à la vie aquatique. Les fougères sont dans leur élément : Blecnum spicant, Osmonde royale…Dans l’eau poussent de rares algues. Sur les pierres immergées et les berges se fixent des mousses.
Faune
En conséquence de la pente souvent forte, du courant, de l’altitude, des températures assez basses, d’une eau bien oxygénée et d’un PH acide (autour de 6), la faune qui l’habite est particulière. Dans ces cours d’eau acides, le peu d’éléments minéraux, la rareté de mousses et d’herbiers aquatiques font que le plancton et les micro-invertébrés ont du mal à se nourrir. Les poissons, truites, vairons et rares goujons, y grossissent mal. L’écrevisse locale a disparu depuis longtemps. Les invertébrés les plus courants sont les gammares, les plécoptères, les éphémèroptères, les tricoptères et les libellules, la plus voyante étant la demoiselle Caloptérix méridionalis, adepte des eaux courantes. Certaines espèces d’invertébrés permettent de mesurer le degré de pollution de l’eau.
La loutre a laissé quelques empreintes.

Cincle plongeur

Cincle plongeur@jlHaber

Le Cincle plongeur, surprend par son passage éclair au-dessus de l’eau, il se nourrit de larves aquatiques dans ces eaux courantes encore pures. Avec un peu de chance, le promeneur le verra marcher sous l’eau à la recherche des larves. La Bergeronnette des ruisseaux fréquente tous les ponts.
Les poissons sont la Truite fario, parfois des vairons et des goujons.

 

2-4 Les lacs et les étangs

Tous les lacs sont d’origine artificielle. Ces réserves d’eau potable sont soumises à un marnage important (variation du niveau de l’eau). Ils sont acides et pauvres en nourriture.
Les étangs de Roudille créés par les Chartreux d’Escoussens qui vivaient à Fontbruno attirent de nombreux promeneurs.
Flore
En amont de Roudille subsiste une tourbière peu dégradée. Mousses, sphaignes, fougères, quelques stations de Vérâtre.
Faune
Ces milieux sont propices aux grenouilles rousses, tritons marbrés et palmés et salamandres, ainsi qu’à la Couleuvre vipérine qui adore l’eau.

Tarier des prés

Les oiseaux typiques sont peu nombreux. Dans les prairies humides à proximité, quelques Tariers des prés font halte en migration et le Héron cendré figé sur les berges guette le poisson ou la grenouille. Au passage, le Chevalier guignette stationne quelques jours. Des canards fréquentent les plans d’eau en hiver, dont parfois des espèces rares : trois espèces de plongeons vues à Saint-Férréol.
Outre la Truite fario, des poissons exogènes (brochets, carpes, gardons…) y ont été introduits.

2-5 Les milieux ouverts

@Patrice Delgado

Ils occupent une faible surface, on peut y adjoindre les jeunes plantations résineuses ou feuillues.
Flore
Les plantes les plus courantes sont la Calunne commune et la Bruyère cendrée. Le Genet à balai, les aubépines, le Genévrier commun.

 

 

 

Faune
Réguliers sont : Pie grièche écorcheur, Bruant jaune, Alouette lulu, engoulevent, busards cendré et Saint Martin. C’est un terrain de chasse du circaète. En altitude, en migration ou hivernants : Accenteur alpin, Niverolle alpine, Merle à plastron, Venturon montagnard. Des serpents se réchauffent dans les zones bien exposées.

2-6 les zones rocheuses

Elles sont peu nombreuses dans ce massif ancien très érodé. On peut y intégrer en partie les carrières.
Flore
Des lichens accrochent leurs tableaux abstraits sur les roches tandis que d’autres, petites trompettes vertes décorent les petits talus terreux. De rares arbustes s’installent dans des fissures.
Faune
Les reptiles profitent de la chaleur emmagasinée dans la roche : Vipère aspic, Couleuvre à collier, Couleuvre verte et jaune…
Le Hibou grand-duc devient banal, il n’hésitera pas à croquer un Faucon pèlerin qui nicherait à proximité. Le Grand corbeau au cri grave joue avec le vent.
En hiver stationnent le papillonnant Tichodrome échelette et l’Accenteur alpin.

Bibliographie

Les oiseaux du département du Tarn Statut biologique Statut de conservation Etat des connaissances, Coordinateur : C Maurel 2001
Les oiseaux du parc naturel régional du Haut Languedoc, Coordinateurs JM Cugnasse, C Maurel, N Biau 2001
Montagne Noire en Languedoc, B Blancotte 1970, Collectif 2005