C’est avec stupeur que nous avons appris la disparition accidentelle de notre ami Gilles TAVERNIER, le 8 mars près de Vabre.
Gilles était animé d’une passion intense pour le Grand-duc d’Europe, auquel il consacrait l’essentiel de son temps libre depuis son installation dans notre région, il y a plus de 20 ans.
Bien qu’habitant près de Toulouse, c’est vers le Tarn qu’il a rapidement orienté une grande partie de ses recherches, tout d’abord sur le piémont de la Montagne noire puis, au fil de la découverte de nouveaux couples de grands-ducs, sur toute la moitié sud-est du département.
Ces dernières années, aidé d’un réseau informel d’observateurs, dont en premier lieu son complice Richard, il suivait assidument une soixantaine de sites accueillant l’espèce. Ce « réseau » n’était pas seulement composé d’ornithologues mais comptait aussi de nombreux propriétaires, agriculteurs et habitants que sa passion communicative avait « converti » au grand-duc.
Les participants à la réunion des observateurs du 19 février dernier à Labruguière ont d’ailleurs pu apprécier l’ampleur de cette passion et des recherches de Gilles lorsqu’il nous commenta le diaporama présenté aux Rencontres nationales du réseau « Grand-duc » dans les Alpilles en octobre 2021.
Triste ironie du sort, c’est dans le tout prochain numéro de la revue Nos Oiseaux, qui paraîtra dans quelques jours, que sera publié un premier article sur ses travaux.
Outre la recherche et le suivi de couples nicheurs et l’étude du régime alimentaire, Gilles était très impliqué dans des actions de conservation en faveur du « maître de la nuit ». Il est ainsi à l’origine de la prise en compte du Hibou grand-duc dans plusieurs carrières en exploitation, dont celle de Saint-Amancet. En contact régulier avec plusieurs communes et l’Office français de la biodiversité, il est à l’initiative d’arrêtés municipaux réglementant l’escalade sur des sites de nidification des grands-ducs.
Jamais avare d’information sur « Bubo », comme il aimait à appeler cet oiseau qui le fascinait, il accordait une place importante à la communication et à la sensibilisation du public. Nouvellement retraité, il comptait s’investir encore plus dans ce domaine en proposant des conférences dans les communes abritant le grand-duc (plusieurs étaient programmées cette année). Et comme il ne faisait pas les choses à moitié, il est certain que d’ici peu, la moitié des communes sud-tarnaises auraient été « converties » ! C’était un sujet qui lui tenait vraiment à cœur. Ces dernières années, il était notamment intervenu à plusieurs reprises sur les rapaces nocturnes dans des écoles autour de chez lui en Haute-Garonne.
Personnalité très attachante, à l’énergie et à la motivation incroyables, au caractère parfois un peu entier, d’une grande gentillesse et plein d’attention pour ses copains, sa disparition laisse un vide immense.
Nul doute que dans bien des parois rocheuses tarnaises, de gros yeux oranges cachés dans la végétation, s’étonneront aussi de son absence, tant il devait leur être familier.
La LPO Tarn s’associe à l’immense peine de sa famille et de ses proches et leur exprime toute sa sympathie et son soutien.
Amaury Calvet