Optimisation du suivi des Busards cendrés en Italie

Dans un contexte d’effondrement de la biodiversité et de disparition des habitats naturels, les enjeux liés à la préservation des espèces sauvages n’ont jamais été aussi importants.

La transformation progressive des landes et des prairies en terres agricoles conduit ainsi de nombreuses espèces à modifier leurs stratégies de reproduction afin de nicher dans des habitats artificiels entièrement conçus par l’homme. Malheureusement, la nidification au sein des terres cultivées peut s’avérer extrêmement coûteuse en raison de l’utilisation croissante des pesticides, la faible présence de haies ou de bandes enherbées et la mécanisation massive de l’agriculture. C’est ainsi que le Busard cendré, un rapace désormais emblématique des grandes cultures, subit de plein fouet l’utilisation croissante des engins agricoles.

Alors que leur proportion dans ces espaces atteignait d’ores et déjà les 80% en France au XXème siècle, l’élimination fréquente des nids a entrainé l’effondrement des effectifs sur l’ensemble du territoire.
Dans l’objectif d’établir des mesures de conservation efficaces de cette espèce en centre Italie, une équipe de chercheurs et de naturalistes a ainsi mené un programme de suivi des busards cendrés dans la province de Viterbe, entre 2020 et 2022. Grâce à l’analyse des traits d’histoire de vie, de l’habitat et des méthodes de protection de l’espèce, ils ont ainsi pu proposer une méthode de suivi des busards optimisée et applicable à toute population d’oiseaux. Ainsi, les travaux de recherche préconisent un début de prospection à partir de la seconde moitié d’avril exclusivement pour les cultures fourragères, en commençant par les plus grandes (hauteur ≈ 100 cm), puis en enchaînant avec les hauteurs variant de 75 à 100 cm et de 50 à 75 cm de hauteur. En parallèle, les prospections au niveau des cultures de blé et
d’orge ne seraient préconisées qu’à partir de la mi-mai, selon un schéma de préférence des hauteurs de parcelles identiques à celui des cultures fourragères. De plus, il semblerait que lesclôtures électriques soient plus efficaces pour repousser les prédateurs que les mailles métalliques. En raison des contraintes budgétaires et des disponibilités du matériel, les priorités devraient donc être établies selon les schémas de sélection des parcelles précédemment énoncés, en retardant au maximum le moment de la pose.

Le suivi de l’éclosion devrait quant à lui débuter aux alentours du 20 mai et s’achever respectivement les 19 juin et 4 juillet pour les cultures fourragères et céréalières. Enfin, la surveillance de l’envol des jeunes devrait débuter le 20 juin pour s’arrêter respectivement le 19 juillet et le 3 août pour les cultures fourragères et céréalières.

Sources : Ferrarini, A., Calevi, E., Brozzetti, D., Colle, A., De Santis, R., et al., 2023. Optimized monitoring and conservation of farmland bird species through bayesian modelling : The montagu’s harrier Circus pygargus population in central Italy, Sustainability, 15(5), 4426.

Elodie Massol